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STEPHANE CORDOBES

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La prospective territoriale peut-elle rendre la transition écologique heureuse?

Avec « Explorons nos futurs (heureux) », la Fnau et les agences d’urbanisme mènent un exercice de prospective ambitieux et salvateur. Ambitieux parce que celui-ci est réalisé dans une situation critique où l’urgence l’emporte plus encore que d’habitude sur le souci du long terme. Salvateur parce qu’il part de l’hypothèse selon laquelle des futurs heureux sont envisageables alors même que le monde de demain, déjà là, semble marqué par le sentiment de vulnérabilité et l’imaginaire de l’effondrement. Face aux crises qui ne sont que les manifestations du changement global en cours, la construction de nouveaux récits s’impose. « Explorons nos futurs (heureux) » s’y attèle. Mais ce réenchantement doit s’opérer à toutes les échelles, dans chaque territoire.

Atterrir un défi politique et anthropologique

Comment faire ? il faut atterrir[1].  Atterrir, c’est à la fois réorienter la pensée et la politique pour tenir compte de ce que les hommes et la planète peuvent supporter, pour inventer des modes d’habitation du monde qui seraient plus justes et plus soutenables. États, grandes entreprises et acteurs de la globalisation sont concernés au premier chef par cette obligation, mais peinent à changer leurs modèles économiques et politiques, à trouver des accords, à inventer une nouvelle diplomatie plus terrestre. Cette impuissance suscite d’autant plus d’attente vis-à-vis des territoires et collectifs locaux qui ceux-ci paraissent disposer de plus de marges de manœuvre. Les initiatives les plus dynamiques de bifurcation écologique et démocratique sont portées à cette échelle. La covid-19 a souligné la force de ses réponses locales en matière de coopération et de solidarité susceptible non de se substituer aux réponses nationales et internationales, mais de les compléter, voire de les entraîner. Pour faire face aux crises qui se succèdent et au changement global qui nous emporte, la responsabilité des territoires est déterminante parce que c’est dans ces espaces de vie que les attachements se jouent, la bifurcation fait sens et opère. Atterrir, cela revient de fait à engendrer de nouveaux régimes de cohabitation[2] qui signent politiquement l’entrée dans l’anthropocène. Ni plus ni moins donc qu’à refaire territoire.

Le défi est éminemment prospectif : il s’agit pour ces territoires de relever un enjeu qui engage leur, notre futur. Mais il assigne à la prospective une mission qui dépasse ses dimensions cognitives et stratégiques usuelles. Comment transformer les territoires pour s’adapter à l’anthropocène et s’embarquer collectivement dans des trajectoires écologiques ? Qu’est-ce que refaire territoire ? C’est non seulement produire des études et de la connaissance, concevoir des projets, des plans et des schémas stratégiques comme la prospective le fait couramment, écrire des récits originaux comme « explorons des futurs ( heureux )» le propose, mais aussi transformer en profondeur les formes d’existence, les façons de cohabiter, les manières de vivre, de s’installer, de produire, de consommer, d’échanger et de partager. La bifurcation écologique relève de la politique, mais aussi de la culture, au sens anthropologique du terme. Malgré son demi-siècle de pratique, rien n’assure que l’ingénierie prospective et les dispositifs qui en relèvent dans les territoires soient aujourd’hui à la hauteur de ce que l’on attend d’eux.

Quand le bonheur montre la voie du futur

L’ajout du bonheur qui attise la controverse dans le débat sur la transition arrange-t-il nos affaires ? Oui si l’on se penche sur les présupposés qui structure l’opposition entre amendement doux et souriant du projet moderne d’un côté et rupture radicale et grimaçante vers la décroissance de l’autre. Le premier réside dans la même croyance à une possible restauration : retour à un développement moderne plus mesuré et régulé qu’actuellement contre mode de vie plus frugal et autarcique d’antan. Or le changement global est frappé du sceau de l’irréversibilité. Les altérations de la planète et la survie de l’humanité obligent à s’inscrire dans un nouveau paradigme auquel ni l’une ni l’autre de ses alternatives ne répond, soit parce qu’elle néglige la réalité d’un monde riche de 7 milliards d’êtres humains, soit parce qu’elle sous-estime la logique destructrice moderne à l’origine de la situation. Le second de ces présupposés pose le bonheur comme un absolu, auquel chacun d’entre nous, quel que soit sa situation, son histoire, sa culture, sa richesse, sa responsabilité dans le basculement anthropocène n’aurait qu’à se conformer. La bifurcation écologique ne sera pas heureuse parce qu’elle s’inscrira ou tournera le dos de manière caricaturale et univoque aux valeurs de la modernité. Elle sera heureuse par l’édification d’un socle culturel écologique commun auquel le plus grand nombre contribuera à sa mesure, dans son espace de vie, tout en trouvant sa place dans un monde pluriel, plus juste et soutenable.

Faire territoire dans l’anthropocène c’est inventer cette nouvelle culture de l’habiter qui n’oblige pas à choisir entre création de richesse et préservation, mais s’inscrit dans une économie symbiotique, qui ne détruise plus les socio-écosystèmes, mais les régénère, qui n’oppose plus local et global, mais les réconcilie, qui ne se focalise pas seulement sur une communauté et un milieu, mais contribue à sauver la vie de l’humanité et de la planète, qui n’oblige pas à choisir entre hommes et nature, mais à prendre soin des deux, à relier les êtres et à réparer la terre. La bifurcation écologique heureuse sera donc environnementale, socio-économique et politique, mais aussi culturelle et mentale.

La prospective est-elle susceptible de contribuer à relever ce défi ? On ne doute plus de l’intérêt de la prospective en matière stratégique, organisationnelle, politique : elle permet de construire des projets de territoires et de faciliter la décision. Elle associe au-delà des décideurs et experts, fait participer la population à la vie de la cité. Elle sensibilise par la production de connaissance, l’animation de débat public aux enjeux de transition. Mais on souligne aussi souvent ses limites : une participation démocratique insuffisante qui n’est pas indemne d’instrumentalisation, un passage à l’action fragile, des dispositifs qui relèvent plus de la communication que de la transition, des processus superficiels qui confortent plutôt qu’il ne transforme réellement. Quant à rendre heureux… Comment dépasser ces limites ? Comment renforcer la propension qu’a la prospective territoriale à réagencer non seulement les discours officiels, les programmes et schémas, les organisations, la vision et les alliances des décideurs et acteurs clés, mais aussi les représentations, les imaginaires, les capacités habitantes, les engagements de toutes une population dans un projet, une culture et des valeurs communes qui fassent sens et permettent simultanément d’opérer la bifurcation écologique et de trouver le bonheur?

La prospective territoriale promotrice de l’habitation écologique du monde

De nombreuses voies s’offrent à nous. Parmi celles-ci on mentionnera le fait de ne plus exercer la prospective au travers de démarches ponctuelles, mais par un processus de réagencements et d’expérimentations continu. La prospective est elle-même une culture qui s’acquière et qui est d’autant plus efficace qu’elle s’inscrit dans le temps long et bénéficie d’effets d’apprentissage et de capitalisation comme on le voit au Pays basque ou dans le Grand Lyon. Une autre est de considérer la prospective non comme une forme d’expertise, mais comme un dispositif politique qui ravive la sphère publique et la démocratie à l’image des travaux récents de Grand Annecy. Une troisième est de considérer la prospective comme une pratique de recherche-action à adapter à chaque situation territoriale, à chaque problématique, à chaque public. La mission « résonance » de l’agence d’urbanisme de Tours portant sur les effets de la crise sanitaire illustre bien ce principe de singularisation. On songera aussi à activer la prospective comme un véritable processus éducatif. Les expériences menées en milieu scolaire montrent l’intérêt pédagogique de la discipline. La convention citoyenne pour le climat souligne la nécessité de ce travail d’acquisition d’un savoir partagé pour penser les enjeux complexes qui engagent l’avenir. Un dernièr chemin serait de ne pas se focaliser sur la seule raison, mais de mobiliser l’ensemble des facultés humaines, en particulier la sensibilité, l’affection et l’imagination. Cet article débutait en soulignant l’importance de la production de nouveaux récits, donc de la narration. Les approches ludiques comme l’agence d’urbanisme de Lyon les promeut sont tout aussi fructueuses. Ce sont enfin l’ensemble des pratiques artistiques qui peuvent concourir à la compréhension des enjeux qui engagent l’avenir d’un territoire. La prospective sensible peut prendre de nombreuses formes : à Saint-Pierre-et-Miquelon photographie et textes méditatifs ont été mobilisées pour travailler sur les représentations qu’ont les habitants de l’archipel et de leur avenir[3]. À Tours, le Polau recourt à une performance visant à concevoir un parlement où siègeraient les humains et non humains peuplant La Loire. Les possibilités de réenchantement prospectif sont multiples.

Gaston Berger, l’inventeur de la prospective ne concevait pas la prospective sans prise de risque. Une injonction plus que jamais signifiante.

Cet article a été initialement publié dans Traits d’Agences en octobre 2020


[1] Bruno Latour, Comment s’orienter en politique », La Découverte, 2017

[2] Michel Lussault, L’avènement du Monde. Essai sur l’habitation humaine de la Terre, Seuil, coll. « La couleur des idées », 2013

[3] Stéphane Cordobes, Si le temps le permet, enquête sur les territoires du monde anthropocène, Berger Levrault 2020.

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© Stéphane Cordobes 2021MINIMAL

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