CANICULE
Clermont-Ferrand suffoque. L’esplanade de la gare est chauffée à blanc par une canicule exceptionnelle qui relèvera bientôt de la normalité. Les billets de train à destination de Paris ont été retirés de la vente : le matériel roulant des années 70 est à bout de souffle et ne permet pas d’assurer des conditions de voyages sûres. Installé seul dans un compartiment, côté fenêtre, contre la grille de ventilation. Le flux climatisé peine à tempérer la chaleur. Les odeurs de vieux train, poussières, graisses brulées, désinfectants et autres vestiges du demi-siècle de voyages qui ont précédé, comme torréfiées, saturent l’atmosphère. Trouver la bonne posture. Ajuster le casque hifi. S’accrocher à la musique pour supporter ce temps rendu végétatif par la force des éléments. Une trentaine de minutes plus tard, arrêt d’usage en gare de Vichy : les quais sont déserts, figés dans la somnolence. La voix abîmée de Johnny Cash interprétant Hurt fait écho au paysage immolé.